Résumé (Thèses.fr) : Aujourd’hui, sous la pression concurrentielle, les entreprises doivent innover en permanence, à grande échelle et à un rythme soutenu. Les ressources intellectuelles internes en matière de R et D sont parfois insuffisantes pour relever des défis complexes et interdisciplinaires faisant appel à des compétences multiples. C’est dans ce cadre que les plateformes de crowdsourcing d’innovation ont émergé. Ces plateformes agissent comme des intermédiaires permettant à leurs entreprises clientes d’accéder à un réservoir international d’expertise, de contributeurs de la « foule » pour résoudre leurs problématiques. Malgré leur importance croissante dans les stratégies d’innovation ouverte, les mécanismes d’orchestration qui sous-tendent leur fonctionnement restent peu explorés. Comprendre comment ces plateformes sont orchestrées, et comment elles créent de la valeur, est crucial tant sur le plan théorique que pratique. C’est l’objectif de cette thèse d’analyser les facteurs et les mécanismes d’orchestration qui assurent la création de valeur dans les plateformes intermédiaires de crowdsourcing d’innovation. Nos travaux empiriques se basent sur la plateforme Kaggle, première plateforme ICS mondiale dédiée aux concours de science des données. Fondée en 2010 et rachetée par Google en 2017, Kaggle est devenue un écosystème dynamique qui met en relation des entreprises avec une communauté vaste et diversifiée d’amateurs et de professionnels. La thèse présente ainsi quatre études indépendantes divisées en deux parties. La première partie consiste en une revue de la littérature (chapitre 1) et une étude quantitative (chapitre 2) qui examinent comment les actions de la plateforme influencent les processus d’innovation internes. Les résultats montrent que le système d’incitation (monétaire et non monétaire) joue un rôle important dans la dynamique coopétitive entre les contributeurs, influençant la structure et la composition des équipes participantes. Ils soulignent également l’importance de cette dynamique dans la création de performances. La deuxième partie s’appuie sur des méthodes qualitatives et mixtes pour explorer comment la création de valeur est perçue du point de vue des parties prenantes. Les résultats du chapitre 3 indiquent que ces plateformes gèrent les talents de manière non conventionnelle, à travers un cycle d’attraction, de développement et de fidélisation, qui crée de fortes incitations, alors qu’il n’y a pas d’autorité hiérarchique directe sur le comportement des participants. Du côté des organisations clientes, le chapitre 4 qui s’appuie sur la méthode Q montre que ces plateformes sont utilisées dans le cadre de stratégies à plus long terme pour soutenir l’identification et la sélection des talents, ainsi que pour améliorer la visibilité de la marque. Cette thèse met en avant l’importance du capital humain dans les processus d’innovation et offre une vision renouvelée des plateformes ICS en tant que créatrices de valeur au-delà de la simple résolution de problèmes isolés.
Jury : Sophie RENAULT, Professeur des Universités, Université d’Orléans (Rapporteur) ; Émilie RUIZ, Maître de Conférences HDR, Université de Savoie Mont Blanc (Rapporteur) ; Kirsten BURKHARDT-BOURGEOIS, Professeur des Universités, Université d’Orléans ; Raphaël SUIRE, Professeur des Universités, Université de Nantes ; Benoît PIGÉ, Professeur des Universités, Université Marie et Louis Pasteur (Co-directeur de thèse) ; Karine BRISSET, Professeure des Universités, Université Marie et Louis Pasteur (Co-directrice de thèse)